Invité Invité
| Sujet: Ce soir de juin Mar 1 Juin - 8:26 | |
| Ce soir de juin Ce soir de juin, j'ai tout perdu, je suis juchée dans ma baignoire inerte, j'ai réalisé trop tard, ça m'a frappé au moment où je m'y attendait le moins. Mon cœur s'est arrêté de battre, cela fait si mal, j'ai si peur et si froid, je suis pétrifiée. Mes mains, mes jambes, mes bras,... plus rien ne m'appartient. Je ne suis plus qu'une marionnette désarticulée. Je ne peux plus prétendre être moi-même ni même prétendre encore être quelqu'un. C'est insensé. Ce n'est que quand j'ai commencer à travailler que j'ai réalisé à quel point j'étais atteinte, à quel point je mourrais de ne pas être celle qui hantait mes pensées. Je ne suis qu'une pâle imitation, un piètre acteur jouant sans cesse la même pièce, le même rôle. Je n'ai jamais changé car je n'ai jamais été. Je regarde ce qui me sert de corps mais cela n'est qu'effroi, je n'en peux plus. Mon esprit torturé par cet horrible carcan: mon apparence. Je n'arrive plus à progresser, j'y pense pire qu'une maladie. Mon reflet dans la glace me terrifie mais il n'y a pas que cet aspect là. Je n'arrive même plus à me regarder en face tant je me considère comme un être horrible et dénué de tout sentiment autre que la haine et la peur. Est-ce mon enfance qui a fait de moi ce que je suis ou tout simplement mon entourage? Il est trop tard, je n'aurai plus jamais l'occasion de le savoir car il ne me reste plus rien que de banals inconnus que j'ai appelé amis. Il ne sont en fait que camarades, que moyen de ne pas être seule car c'est ma plus grande peur.
Je n'ai plus goût à rien, soudain la vie me parait si fade, toujours obligée de faire semblant, de sourire de se croire bien sous tout rapport alors qu'en fait cela ne fait qu'exacerber ma laideur sans nom. Le déclic a été le départ d'un ami, il est parti car la vie lui pèse à lui aussi, car je n'ai pas su déceler ce qui pourtant sautait aux yeux mais aussi parce qu'il s'en est rendu compte assez tôt pour arrêter de faire semblant. C'est peut-être un de mes seuls vrais amis et pourtant je l'ai laissé partir. Trouillarde doublée de lâche, voilà toute la beauté de ma si laide âme, voilà... Il ne me reste plus rien, l'amour n'a jamais été de l'amour, des amitiés qui n'en ont jamais été et d'autres qui malgré leur robustesse sont trop loin, trop longtemps. Ce soir , seule dans cette baignoire ce soir mon âme moribonde a fini par se fissurer. Tel un être immonde j'avance dans de bien sombres pensées cherchant en vain la beauté...
La laideur de mon corps, la laideur de mon âme... je ne suis rien d'autre qu'un monstre sans âme... Je cherche à acquérir une beauté que je sais perdue à jamais. Je me cherche encore moi, je cherche encore un sens à mon existence, incapable même de pleurer, je me fait pitié, je m'obstine, m'acharne et pourtant, il n'y a aucune solution. Ils croient savoir qui je suis mais ils n'ont vu que le personnage que je joue, violente, agressive, sadique gore et perverse mais au fond, ils ne savent que ce qu'ils ont bien voulu voir. Ils n'ont pas vu cet être fragile, cet volonté écrasée par le carcan de la société, cet laideur incomparable, ils n'ont pas vu l'horreur, la terreur...
Je veux une âme parfaite, un esprit parfait, un visage parfait, être belle. Un mensonge parfait...
Ce soir de juin, je me lève et je prends des pilules pour dormir, ce soir de juin, j'ai espéré ne pas me réveiller, ce soir de juin je n'ai pas pris qu'une pilule, ce soir de juin, je me suis endormie pour l'éternité. Une pilule en trop, un cachet en plus, une entaille juste au bon endroit, ce soir de juin, je me suis endormie seule dans ma baignoire remplie d'eau chaude. Ce soir de juin la vie n'a plus supporté mon fardeau... |
|