Théo D’or avait eu vent d’une fête qui se déroulait à… l’Ancien. Non, ce n’était pas possible. L’Ancien, cet ancien théâtre abandonné n’était pourtant connu que de peu d’élèves. Du moins, quand il était en troisième année. Ce n’était pas possible qu’en une année une vague d’élèves prébubères – s’il en croyait l’allure des rumeurs qui circulaient – puissent avoir tous découvert cette pièce, ou alors, ils ne savaient tout simplement plus garder un secret, ce qui était fort regrettable. De tout manière, le Gryffondor décida d’aller y jeter un coup d’œil, dans l’espoir de croiser ses anciens amis.

Pour une fois, le cinquième année que l’on connaissait pour ses nombreux efforts vestimentaires lors des soirées avait décidé de rester le plus simple du monde. Si des personnes avaient décidés de bafoués la mémoire de l’Ancien, il ne verrait pas pourquoi il ferrait un effort dans sa tenue, pour une fête irrespectueuse. Heureusement qu’il voulait y croiser des amis, sinon il n’y serait jamais allé, et aurait surement passé sa soirée à contempler le lit vide de Drew dans son dortoir. C’était alors un bon compromis, qui lui éviterait des souffrances inutiles.

Comme tous les élèves, Théo passa par le passage secret des toilettes. Fort heureusement pour lui, il était en cinquième année, et connaissait encore un passage secret dans le tunnel du passage secret. Ainsi, il ne déboucha par « l’entrée principale », mais sur un balcon, où il pouvait avoir une vue d’ensemble, sans qu’on le voie pour autant.

Nostalgie quand tu nous prends. L’Ancien était densément peuplé, du moins si on le comparé avec les années précédentes. Il était venu ici avec plusieurs de ses amis à l’époque, mais il n’était plus jamais de trois à l’intérieur. Là, il y avait des élèves de toutes les maisons. Ah non, les Serpentards n’étaient pas tellement représentés… Dire que les relations s’étaient détendues, il espérait que ça soit juste pour la soirée. Il balada son regard encore un peu. Ouf ! Le piano était toujours sur la scène, ce qui lui donna un pincement un cœur, de bonheur évidemment.

Le regard encore sur la scène, il y vit un garçon qu’il connaissait bien, très bien même. Basil Trélor. En train de parler avec un, très jeune, garçon. Il attrapa les jumelles de théâtre sur le balcon et regarda de plus près. Le teint rouge, les yeux à demi clos : Basil avait bu. Fort heureusement, Ted n’était plus du tout amoureux, donc pas du tout jaloux. L’occasion était parfaite, Théo allait pouvoir enlever le maléfice qui lui avait jeté. Il n’allait éprouver cependant aucune gêne à interrompre les garçons.

Le Gryffondor sauta du balcon, c’était quand même le plus court, et puis son immortalité le protégeait largement des chutes désormais, aussi grande soit elle. Mais heureusement, personne ne l’avait remarqué, rapidement pompettes pour ces jeunes élèves, donc beaucoup moins attentifs. Il se trouva rapidement à côté de la scène, proche des deux Poufsouffles, qui ne l’avaient pas remarqués, se regardant d’assez près. Il put entendre les dernières paroles de Basil, et après la réponse de l’autre garçon, il se permit de répondre.

- A vrai dire, si j’ai bien compris, il veut m’oublier, mais vu que je fais partie intégrante de lui, et réciproquement, il essaye donc de s’oublier. Dire que j’ai du partir en France pour ça, et j’ai même échoué.

Le Gryffondor avait dit ça avec le sourire. Sa rancœur semblait avoir disparu envers Basil. Lui qui appréhendait de le voir, ne ressentit même pas de douleur au cœur. Basil ne devait pas être l’amour de sa vie, et c’est pourquoi la douleur s’était estompée. En revanche, s’il revoyait Drew, son ami le plus fidèle, à qui il tenait le plus, la douleur serait là, ça serait certain, surtout que Drew, après réflexion l’avait bien plus trahi que Basil ne l’avait fait.

Il était curieux de savoir comment Basil pouvait le percevoir. Théo était désormais plus grand, il s’était épaissi, il avait même une barbe naissante. Il ne voulait pas du tout le mettre en avant, mais c’était ainsi ; il avait atteint un nouveau stade de l’adolescence, et il ne ressemblait plus, juste physiquement attention, au petit Théo. Il espérait au moins avoir gardé du charme.

- Je suis impoli, je ne me suis pas présenté. Théo D’or Stella, Gryffondor…


Dit-il à l’encontre du deuxième année, certainement, en lui tendant la main.

Théo s’attendait évidemment que son retour ne fasse pas beaucoup d’émules, surtout de la part de Basil. Il n’était pas surpris de voir celui-ci fuir, une nouvelle fois. Si on se rappelait bien, le jour de son départ, à la foire des Éphémères, le Poufsouffle n’avait prononcé que quelques mots avant de partir à toutes jambes. La réaction fut de même aujourd’hui, et cela désola au plus au point le pauvre Gryffondor.

Cette réaction le desservi totalement. L’autre garçon, qui d’une part, avait refusé sa poignée de main, et d’une autre part, à qui il ignorait le prénom se froissa et s’écarta même. Décidément, il passa pour le méchant ici.

Heureusement pour lui, une fille de Poufsouffle était aussi là, qui était à peu près arrivée au même moment que lui. Si ses souvenirs étaient bons, c’était Alice Weaper, et bien qu’il ne lui avait jamais parlé à l’époque, elle devait connaître l’histoire entre les deux jeunes hommes (voir les trois si on compte Drew), qui avait fait couler beaucoup d’encre, entre la destruction du château, et le départ du français. C’est pourquoi il décida prendre la parole, pour au moins détendre l’atmosphère.

« Rassure toi, je ne suis pas un vampire, ni un autre être maléfique. C’est juste le passé que j’ai en commun avec Basil qui l’a rendu si nerveux. Et je le comprends… »

Il soupira. Le jeune garçon de Poufsouffle était de toute évidence d’ascendance Moldu, vu sa réaction à la magie. De plus, il ne semblait pas non plus tout comprendre. Théo se rappela du bonhomme qu’il était en première année, et il s’imagina à sa place. La situation aurait été pour lui toute aussi confuse. On ne pouvait que comprendre ce première ou deuxième année.

« Et puis, demande à Alice, si quelqu’un ici doit être pris comme victime, c’est bien moi. Mais je n’ai pas envie de ça non plus. J’ai pardonné à Basil, mon ancien petit copain… Et maintenant, si vous m’excusez, il faut que j’aille le voir, histoire de tourner la page »

Dire qu’il y a un an de cela, Théo était déchiré par la trahison que lui avait faite Basil, et qu’aujourd’hui, il s’en remettait plutôt bien. A vrai dire, il avait quand même mal, mais il ne voulait pas le montrer, non pas par fierté, mais juste car il ne voulait pas blâmer Basil auprès des autres élèves, et lui enlever du crédit. Il ne voulait pas être méchant, et vraiment mettre un terme à cette histoire.

C’est pourquoi le Gryffondor enjamba la balustrade pour accéder à la scène et se dirigea vers les coulisses. Il évita le piano et pénétra derrière les rideaux. Il ne mit pas longtemps à trouver Basil, recroquevillé sur lui. Il ne savait même pas s’il l’avait vu, car il était concentré sur sa brulure, en train de la lécher. Le pauvre, peut être avait-il était trop dur avec lui. Mais le mal était fait.

Il se pencha sur lui et lui attrapa l’avant bras, et sans lui donner le temps de réfléchir, il pleura sur sa blessure. Et comme les deux le savaient, c’était là le seul remède connu. Théo n’avait pas eu besoin de verser beaucoup de larmes, que la brulure partait déjà beaucoup. C’est avec un soulagement qu’il vit que cela marchait à la perfection, comme il l’avait lu dans un des livres maléfiques de la réserve, aussi maléfique que bracelet de Drew. Après avoir senti la blessure à son cœur disparaître à moitié, il reprit la parole.

« Le reste de ta souffrance ne dépend que de toi, Basil. Je t’ai pardonné, fais en autant, s’il te plait. Et prouve que tu as retrouvé la parole. Allons rejoindre les autres, ils vont s’inquiéter »

Le préfet des Lions lui tendait la main, et commençait déjà à partir. Basil allait devoir se décider bien vite.

Bon, Théo n’avait plus aucune raison de rester ici. Alice était en train de repartir. Cameron mit un vent à Basil qui voulait revenir près de lui. La scène n’était pas comique, mais plutôt pathétique. Les choses avaient bien changé à Poudlard, et Ted ne put s’empêcher de regretter la période d’or où il était dans un petit groupe parfait. Mais après tout, cela ne pouvait être moins pire que sa période d’exil en France, bien que là-bas, il n’avait jamais fait aucun effort d’intégration.

Cameron passa devant lui et lui jeta un drôle de regard. De toute évidence, il n’avait pas fait bonne impression devant ce jeune Poufsouffle. Mais cela lui était totalement égal. La différence d’âge entre les deux garçons marquait bien le fait qu’ils ne sont pas prêts d’avoir les mêmes centres d’intérêt, et il avait bien le temps de grandir. A ce moment, Théo décida aussi de partir. Il regarda Basil et soupira. Il l’avait pardonné, mais n’avait pas envie, pour le moment, de passer du temps avec lui. Il le salua et descendit de l’estrade.

A l’inverse d’Alice et Cameron, Théo ne resta pas dans le coin. Il n’avait vraiment plus rien à faire ici, vraiment. Aucun de ses amis, mise à part Basil n’était là et il ne voulait pas s’ennuyer à mourir. Il se dit qu’il allait finir sa soirée dans le salon coloré ou dans la Salle sur Demande. Il n’avait pas envie de se lamenter dans sa chambre, face au lit de Drew.

Il se dirigea vers le balcon, et cette fois-ci fit un grand saut pour l’atteindre. Finalement, il devait apprendre à apprivoiser son corps, car il était capable de faire des choses qu’il ne s’attendait pas du tout à pouvoir faire. Une fois en haut, il regarda de nouveau la foule, mais n’eut en fait aucun souvenir de ceci, car ce fut un regard qu’il porta sans intérêt